Traite La traite, un travail d'équipe entre la vache et le trayeur
Traire une vache, ce n’est pas simplement extraire le lait de la mamelle avec une machine à traire. Sans une participation active et coordonnée entre la vache et le trayeur, la descente du lait ne se produit pas de manière satisfaisante. Conséquences : des trayons abîmés, des vaches qui perdent du lait et des risques accrus de mammites. Le BTPL explique que l’objectif est d’instaurer une routine de traite pour stimuler la mamelle et provoquer le pic d’ocytocine dans le sang au bon moment, soit 30 à 45 secondes après le lavage et le tirage des premiers jets.
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Le but d'une routine de traite est de préparer la vache afin que la pose du faisceau trayeur coïncide avec l’éjection du lait provoquée par le pic d’ocytocine dans le sang.
Le rôle essentiel de l’ocytocine
Traire, c’est avant tout mettre la vache dans de bonnes dispositions pour qu’elle donne son lait le plus facilement et le plus rapidement possible.
Ceci nécessite quelques conditions préalables :
- Des vaches qui arrivent en salle de traite calmes et sans stress,
- Des éleveurs, eux aussi, tranquilles et calmes,
- Une traite qui suit toujours la même routine : les vaches détestent les changements !
Entre les traites, le lait s’accumule dans la mamelle en deux fractions différentes :
- la fraction contenue dans la citerne du trayon , facilement disponible et qui représente moins de 20 % de la quantité totale de lait emmagasiné.
- la fraction alvéolaire : stockée dans le tissu mammaire et dont la descente dans les trayons ne peut être provoquée que par l’action de l’ocytocine.
Quand la vache reçoit certains stimuli : bruit de la machine à traire, stimulation physique du pis, l’hypophyse libère l’hormone ocytocine dans le sang. Arrivée dans la mamelle, l’ocytocine provoque la contraction du tissu entourant ces alvéoles et le lait est éjecté dans les canaux lactifères vers les trayons. Le mouvement continu du lait entre les alvéoles et la citerne du trayon, permet un écoulement du lait sans interruption.
Par contre, l’action de l’ocytocine ne dure que six à huit minutes. Il est donc important de stimuler le pis et de brancher la machine entre 30 et 90 secondes après le début de la stimulation, pour traire la vache dans ce délai.
Stimuler la mamelle
15 secondes de stimulation suffisent, suivies d'un temps de pose de 45 secondes avant de brancher les faisceaux trayeurs.
Des travaux récents menés à la faculté Vetsuisse de Berne, ont montré :
- qu’une bonne stimulation du trayon pendant 15 secondes suivie d’une pause de 30 à 45 secondes avant la pose des griffes provoque le même effet qu’une stimulation continue d’une minute.
- Si la pause est supérieure à 45 secondes, il faut que la durée de stimulation soit de 30 secondes.
- Une pause de plus de 2 minutes a des effets négatifs quel que soit le temps de stimulation préalable.
En effet, si la préparation initiale de la mamelle et le branchement des griffes ne coïncident pas avec la libération d’ocytocine et la descente du lait, il y aura un arrêt temporaire du flot de lait, appelé " relâchement biphasique ". Ce relâchement peut se traduire par un arrêt complet ou partiel du débit de lait. D’un point de vue pratique, on observe une " griffe vide ou sèche " rapidement après la pose, une fois que la fraction dans la citerne du trayon est vidée.
Voici quelques exemples de courbes enregistrées au LactoCorder ® pendant la traite. Le point 0 correspond au branchement de la griffe de traite.
Figure 1 : Courbe idéale de débit de lait durant la traite : "le pot de fleur retourné"
La courbe montre un débit rapide et ininterrompu de lait, dès 15 secondes après branchement des griffes, un plateau élevé, signe d’un débit stable et constant, et un arrêt rapide de la traite au bout de quatre à cinq minutes quand les quartiers sont vides. Le débit maximum dépend de chaque quartier.
Certains quartiers d’une même vache peuvent se vider à des vitesses différentes. Le décrochage de la griffe de traite doit se produire immédiatement lorsqu’il y a un faible débit de lait ou lorsque le débit de lait préréglé est atteint (0,5 à 0,8 kg/minute).
Figure 2 : "Montagnes russes ou chapeau pointu"
Courbes de débit de lait dans un troupeau où les vaches présentent des lésions aux extrémités des trayons et une augmentation des mammites dues à des germes d’environnement :
La courbe montre un relâchement biphasique (1) : 1 er pic de lait venant de la citerne du trayon, arrêt, puis lait venant des alvéoles mammaires dû à une stimulation insuffisante de la mamelle, un pic de débit de lait retardé (2) survenant trois minutes après branchement de la griffe, un temps prolongé à débit réduit dû à un mauvais réglage des décrochages automatiques (3). Il y a surtraite en début et fin de traite : ce qui provoque des traumatismes aux extrémités des trayons et donc à la première barrière contre les agents pathogènes déclencheurs de mammites.
Dans cet élevage, la préparation de la mamelle est la suivante : lavage et essuyage des trayons, par groupes de trois vaches et mise en place des unités de traite. L’intervalle préparation - mise en place est très court (parfois 40 secondes). En fin de traite, la griffe reste attachée pendant trois à cinq minutes après l’arrêt du débit de lait.
Pour améliorer la situation, le tirage des premiers jets a été ajouté à la routine de traite et le temps de stimulation a été augmenté pour brancher les griffes au bout de 60 à 90 secondes. Plus important encore, le réglage des décrochages automatiques a été corrigé. Ces changements ont réduit de beaucoup la surtraite. En conséquence, l’état des extrémités des trayons s’est amélioré et les mammites ont diminué.
Les conditions d’une bonne stimulation
Pour obtenir une bonne descente du lait, et pour réduire la surtraite en début de traite, une bonne stimulation de la mamelle doit comprendre les étapes suivantes :
1. Un temps de stimulation d’au minimum 15 secondes : stimulation manuelle et énergique des trayons et du pis. Elle doit inclure le temps d’extraction des premiers jets, puis de nettoyage et d’essuyage des trayons.
Cette méthode de préparation de la mamelle, et en particulier le tirage des premiers jets en deux à trois jets par trayon, permet également une détection précoce et efficace des mammites cliniques.
2. Le faisceau trayeur doit être posé après une pause de 30 à 45 secondes . La descente du lait entraîne une pression maximale du pis une minute après le début de la première stimulation, pendant environ 9 à 10 minutes, ce qui couvre le temps de traite de la plupart des vaches, compris entre 6 et 10 minutes. 45 secondes représente le temps de tirage des premiers jets et nettoyage sur trois vaches puis branchement de ces vaches
En traite robotisée, ces repères sont les mêmes : le temps de pause peut être de 45s à 1mn avec des mamelles moins remplies.
Production (kg/jour) | Temps de traite (Minutes /traite) pour deux traites par jour |
25 | 6.5 |
35 | 8 |
45 | 9.5 |
Rapport entre production laitière et temps de traite : Source National Mastitis Council
3. Un décrochage des faisceaux trayeurs lorsque le débit de lait devient inférieur à 0,8 kg/minute.
Cette méthode de préparation de la mamelle, et en particulier le tirage des premiers jets en deux à trois jets par trayon, permet également une détection précoce et efficace des mammites cliniques.
Avec l’agrandissement des salles de traite, bien réfléchir la procédure de traite
Dans une salle de traite de grande taille, la procédure de traite dépendra de la méthode d’hygiène utilisée en prétraite (lavage avec lavettes, prétrempage + essuyage papier, prémoussage avec temps d’action + essuyage, lavettes préimbibées…), du nombre de trayeurs et de la rapidité des trayeurs. Il est très important de se chronométrer de manière périodique en cours de traite, ou de faire une assistance à la traite pour réajuster cette procédure afin de respecter les temps de stimulation et les écarts début de stimulation-branchement permettant d’optimiser les conditions de traite.
Voici quelques exemples possibles en salle de traite 2x6 postes. Il y en a d’autres et ils ne sont pas à suivre à la lettre : les temps ne tiennent pas compte d’incidents de traite ou d’imprévus (décrochages intempestifs, mammites) mais donnent une indication de la souplesse disponible pour réagir à ces situations. Ils sont à adapter au cas par cas selon les chronométrages réalisés en cours de traite.
Exemple 1 : Elimination des premiers jets, lavage, essuyage et branchement vache par vache (sdt 2*6 postes)
Branchement des vaches 60 secondes après le début de la stimulation. Le temps de lavage et d’essuyage du trayon est assez long. Avec une stimulation énergique, le temps entre le début de stimulation et le branchement peut être réduit à 50 secondes.
Ce type de préparation est valable en salle de traite tandem où la traite est individualisée, en monoquai, ou en salle de traite en épi si le temps de lavage est long. Avec un seul trayeur en 2x6 avec décrochage automatique, et sans incidents en cours de traite, le trayeur passe au deuxième quai au bout de 6 à 7 minutes, et la traite des six premières vaches sera terminée quand les six vaches du deuxième quai seront branchées. Il y aura plus de souplesse dans une 2x5.
Exemple 2 : Elimination des premiers jets, lavage, essuyage et branchement par groupes de trois vaches (sdt 2*6 postes) :
Cette méthode laisse à la solution de prétrempage le temps d'agir efficacement, (au moins 30 secondes). Branchement des vaches 80 secondes après le début de la stimulation. Globalement, il y un gain de temps sur la traite, ce qui permet soit de diminuer le temps de traite soit d’avoir plus de souplesse face à un imprévu.
Exemple 3 : deux trayeurs qui se suivent : le premier tire les premiers jets, et lave ou prétrempe, le deuxième essuie et branche (sdt 2*6 postes) :
En double équipement, il y a plus d’attente une fois les vaches branchées, et il vaut mieux que les trayeurs se répartissent l’un l’avant et l’autre l’arrière de la salle de traite.
Exemple 4 : en salle de traite 2x10 postes double équipement : Elimination des premiers jets, lavage, essuyage 15 s et branchement par groupes de trois vaches.
Avec un seul trayeur en 2x10 avec décrochage automatique, et sans incidents en cours de traite le trayeur passe au deuxième quai au bout de 5 mn 30, et termine de brancher la 20e vache au bout de 11 min, alors que les premières vaches commencent à décrocher.
Exemple 5 : un trayeur en salle de traite 2x20 simple équipement.
Avec la même routine de traite, le branchement de la 20e vache intervient au bout de 11 mn alors que les premières commencent à décrocher. Le trayeur peut donc commencer la préparation sur le 2e quai.
Exemple 6 : roto 24 postes. Elimination des premiers jets, trempage, essuyage 15 s et branchement par groupes de trois vaches en roto 24 postes.
1ers jets et trempage sur les trois premières vaches, puis essuyage et branchement de ces trois vaches, avant de passer aux suivantes. Cette méthode laisse à la solution de prétrempage le temps d'agir efficacement (au moins 30 secondes ). Si ces temps sont respectés, et sans imprévu le branchement de la dernière vache intervient au minimum au bout de 12 min. Les premières vaches sont décrochées et commencent à sortir.
Exemple 7 : en salle de traite rotative : deux trayeurs qui se suivent ; le premier tire les premiers jets et lave ou prétrempe, le deuxième essuie et branche, avec deux vaches d’écart.
- En roto 36 postes, le branchement de la dernière vache intervient au minimum au bout de 9 min.
- En roto 50 postes, au bout de 12 à 13 min.
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